OSCE octobre 2009
Varsovie
Un appareil dEtat pour organiser la discrimination en France
Notre
association, l'OMNIUM des Libertés, s'est constituée en 1996
pour défendre les principes de la liberté de pensée,
de culte et de réunion. Depuis 13 ans nous recevons les plaintes
des
membres des minorités spirituelles, religieuses ou philosophiques,
qui sont victimes de campagnes de dénigrement, résultant en
pertes d'emploi, retraits de garde d'enfants, violence physique, pose de
bombes et dégradation de biens immobiliers.
« la démarche consistant, pour les pouvoirs publics, à qualifier de « secte » tel ou tel groupement et à fonder leur action sur cette seule qualification » ne permettait pas d'assurer « le respect des libertés publiques et du principe de laïcité ». Circulaire du 27 mai 2005 de M.Raffarin, Premier ministre.
Or, la MIVILUDES, organe gouvernemental français dépendant directement du Premier Ministre, a établi sous limpulsion de son nouveau Président M. Georges Fenech, arrivé en fonction en septembre 2008, un nouveau « référentiel » de groupes quelle accuse de dérives sectaires. Dans une interview donnée au journal Libération le 3 août dernier, M. Fenech indiquait avoir « répertorié environ 500 mouvements ou pratiques » et avoir établi un fichier de groupements qualifiés de « dangereux » à partir de simples signalements ou de plaintes.
Ce fichier, établi de manière non contradictoire sur la base de la délation, recense tous les mouvements ou pratiques que M. Fenech accuse de « dérives sectaires ».
Or la caractéristique des dérives sectaires, selon le rapport 2008 de la MIVILUDES, est lexistence dune emprise mentale et cette emprise est caractérisée dès lors quune ou des personnes « commencent à sattacher à des idées véhiculées, différentes des idées habituellement partagées par le consensus social » et que « la personne qui les reçoit est amenée à modifier tous ses repères, ses relations et ses projets ». Laction répressive de lÉtat devrait être mise en oeuvre dès lors que des pratiques relativement nouvelles, quelles soient religieuses, philosophiques, spirituelles, dépanouissement personnel ou mêmes thérapeutiques, nont pas encore fait lobjet dun consensus social. Il est clair à la lecture de ce rapport que ce sont les idées qui constituent en elles-mêmes des dérives et qui sont susceptibles de caractériser une emprise mentale.
Etabli
sur la base de ces postulats discriminatoires à lencontre des
minorités de conviction, le « référentiel »
établi par la MIVILUDES ne sera pas publié mais il sera mis
à la disposition des professionnels de la justice, des pouvoirs publics,
des ministères et des élus locaux, afin de leur indiquer les
groupes véhiculant des idées considérées comme
dangereuses et de pouvoir ainsi rejeter les demandes de location de salles
de conférence ou dagrément dassistante maternelle.
(déclarations de M. Fenech lors de la même interview)
Ce fichier va permettre une discrimination sans précédent, surpassant la liste de 1995 qui, bien que considérée par les tribunaux français comme nayant aucune valeur juridique, a résulté jusquà ce jour en de nombreux incidents de discrimination. Citons pour exemple le scandale de laffaire de Reims révélé en septembre 2009 oùtrois éducateurs du service départemental d'aide sociale à l'enfance ont été soupçonnés d'agir sous l'influence du mouvement Sukyo Mahikari, présenté comme une secte dans la liste de 1995. Après 5 années dinterrogatoires, de détention provisoire, de placements sous contrôle judiciaire et dinterdictions de pratiquer leur profession, il est apparu que les éducateurs avaient été poursuivis pour abus détat de faiblesse de mineurs, privations de soins et violences morales sur la base de faux aveux fabriqués par les policiers qui navaient pas trouvé dautre preuve pour étayer les rumeurs discriminatoires.
Notre première recommandation est que le Représentant personnel du Président en exercice de lOSCE pour la lutte contre lintolérance et la discrimination à lencontre des Chrétiens et des membres des autres religions intervienne pour que lappareil dEtat organisant la discrimination, la MIVILUDES, interrompe immédiatement et détruise son système de fichage des minorités de conviction.
Notre deuxième recommandation est que l'OSCE rappelle aux autorités françaises que tout citoyen a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et que ce droit comprend la liberté de changer de religion ou de conviction, droit que la France sest engagée à faire respecter à la Conférence de Copenhague en 1990.